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COMPTE RENDU DE LA FORMATION

Ma véritable aventure, je l’ai commencé le 23 novembre 2009 au Centre International de Musicothérapie à Paris. Cette formation m’a permis avant tout de pouvoir lier la théorie face à la pratique que j’ai pu expérimenter depuis plusieurs années à mon travail. En effet je travaille dans une clinique médicalisée « psychiatrique » depuis dix ans dans le service de la restauration. Avant de rentrer dans cette structure médicale, le directeur (neuropsychiatre) connaissait mon attirance pour la musique car entre deux services je jouais de la guitare avec les patients. C’est donc lui et le cadre soignant qui m’ont encouragé à prendre en charge des groupes de patients. Je suis guitariste de père en fils et percussionniste transgénérationnel, j’ai opté pour un atelier de rythmes et percussions. Ce n’était pas forcément gagné au début, je me suis posé de multiples questions sur la façon de comment m’y prendre et est ce que j’allais y arriver ou pas? Au fur et à mesure, j’ai gagné la confiance des patients. Les retours positifs des médecins à mon égard m’ont encouragé d’aller plus loin dans ma démarche professionnelle. Cela ne suffisait plus, il me fallait un changement, que j’obtienne une base théorique, des outils et un statut qui soit reconnue au-delà de mon établissement. C’est pour cela que j’ai voulu intégrer la formation du Centre International de musicothérapie.
La formation de base aux techniques psychomusicales et à la musicothérapie se déroule sur sept semaines ainsi que trois semaines de psychologie et psychanalyse réparties sur un an et demie. Cette flexibilité me permettait de prendre du recul sur tout ce que j’avais assimilé et faire mes recherches théoriques et pratiques.
Au centre international de musicothérapie, il y’ a une salle de détente où le café et le thé nous accompagnent toute la journée. La salle de cours est très atypique, nous nous déchaussions avant d’y entrer. Le sol est recouvert d’une moquette blanche, de gros coussins ronds et de petits transats. Pour couronner le tout, il y a des instruments diverses et variés disposés dans un coin, (des kalimbas, des djembés, des bongos, des claves, que j’ai manipulé sans tarder. Cette pièce est d’un accueil calme et chaleureux, je m’y suis senti à mon aise.
J’ai fait la rencontre des intervenants tous aussi différents les uns des autres mais ils avaient en commun cette humilité et cette humanité que j’ai apprécié. Ils nous ont fait partager leurs propres expériences personnelles et professionnelles ainsi que leurs difficultés rencontrées en début de carrières et qu’ils rencontrent encore. J’ai admiré leur qualité d’écoute sans jugement avec une véritable présence. Ce qui nous a permis d’aborder des sujets extrêmement enrichissants et de pousser très loin dans la réflexion. Chacun avait une méthode particulière, une personnalité, un physique, une voix.
Les interventions de Dominique Bertrand m’ont impressionné, limite laissé sans voix. J’étais assez content de le retrouver à chacune de ses interventions, toujours aussi pertinentes. Elles m’ont été d’une aide très précieuse dans ce que je suis devenu et me le sont encore. A présent, j’utilise plus les expressions corporelles et les chants diphoniques dans le but de créer une dynamique de groupe et le dessin qui facilite les échanges verbaux. Toutes ces techniques m’ont permis de voir les patients dont j’ai la charge, dans un corps plus épanouis, libérer du poids de leur souffrance et petit à petit créer une socialisation. Il y’a eu des intervenants comme Vincent Bodu qui m’ont fait découvrir de nouveaux horizons musicales, il nous a fait part de son expérience du monde carcéral que j’ai trouvé poignante. Car j’ai connu de part mon entourage, beaucoup de jeunes toxicomanes qui ont été incarcérés et je me donnerai la possibilité d’y intervenir en tant que musicothérapeute. Car j’estime d’un point vue personnel que la musicothérapie a sa place dans les prisons, et permet de voyager l’esprit des détenus.
J’ai apprécié Christine Mullard pour ses conseils et sa disponibilité, et ce don naturel qu’elle a de transmettre. Lorsque nous avons abordé le thème de « la Relation d’Aide » je comprends l’importance de l’attitude en tant qu’aidant à se placer face à l’autre, ne serait-ce que par la posture dans un premier temps afin de facilité l’écoute. Il est vrai qu’être bien installer en soi permet une meilleure qualité d’écoute dans l’accompagnement. Une phrase que j’ai trouvée très juste « Je me ressens donc je suis apte à pouvoir recevoir ». Je tiens à la remercier pour ses conseils et du temps qu’elle m’a accordé face à une situation que je vivais lors de mes ateliers de percussions avec des patients psychotiques.
Dans les séances de base en techniques psychomusicales, j’ai pu découvrir la musique classique à laquelle j’attribuais certaines réticences. Nous avions écouté le Requiem de Mozart en ré mineur, cette dernière a suscité une prise de parole mais j’avais éprouvé une profondeur d’âme qui m’avait glacé et remué. Aujourd’hui je prête l’oreille différemment, plus sur l’émotion que véhicule la musique et moins sur sa structure. J’ai tout de même fini par apprécie Eric Satie et Debussy que j’utilise comme musique d’accompagnement. C’est un bon début !
La fabrication des montages sonores avec Dominique Laudet était basée sur une étude de cas qui concernait deux jeunes adolescents. Toutes les consignes nous avaient été données. Mais le jour de l’écoute devant le groupe, ma musique « A » qui reflète l’état affectif du patient dans lequel il se trouve, avait prit une tournure différente. Je ne crois pas avoir mesuré la charge émotionnelle qu’elle comportait, qu’elle était trop risquée en première séance. Auparavant, j’étais persuadé qu’elle convenait. Ces erreurs me permettront de prendre plus de précautions.
Lors de la création du montage sonore avec Sylvie Braun, qui devait représenter notre personnalité, une sorte d’autobiographie m’a paru très plaisant et sans aucune appréhension. Mais le jour de l’écoute, il était intéressant de voir ce qui se lisait sur nos visages, de comprendre comment la musique avait touché à nos émotions et notre inconscient. Cette propre expérience vécue m’a permis de comprendre à quel point une musique peut parler à celui qui l’écoute. Cette constatation m’amène à réaliser que travailler ses propres musiques permet en thérapie de ne pas véhiculer trop d’empathie à l’égard du patient. Il s’agit de ne pas sortir du cadre thérapeutique.
La théorie de l’importance du cadre thérapeutique, nous a été décrite assez rapidement dès le premier mois de stage, avec toutes les questions que nous devions nous poser au préalable en tant que futurs thérapeutes et toutes les notions qu’il comporte. Dans cette thérapie de soins nous avons mis en pratique la théorie Freudienne, du transfert, du contre-transfert, une sorte de jeux de rôle d’aidant /aidé /observateur et le « triangle œdipien » tournait. L’intérêt a été de voir ce lien interhumain en mouvement sous plusieurs aspects : l’écho qui résonnait face à notre propre histoire, notre affectivité, la qualité de notre écoute, ainsi que nos degrés d’empathie… Je me souviens d’une phrase clé qui revenait assez souvent lors de cette formation, il était conseillé de contenir ses propres interprétations sauvages.
Tout au long de cette formation j’ai acquis un savoir et des outils qui m’ont permis de me sentir plus en confiance. Cette formation m’a enrichi, m’a donné l’occasion de prendre en considération ce que je ressens, d’exprimer mes propres limites et mes faiblesses. J’ai pu prendre conscience de mon handicap celui de la prise de parole en publique. J’ai dû me remettre en questions à plusieurs reprises ainsi qu’en discuter avec les membres du groupe même si eux ne le sentaient pas. D’où l’intérêt de connaitre ses propres handicaps pour aller vers les autres.
Notre groupe 65 est né le 23 novembre 2009, nous avions comme intervenant Sylvie Braun. Il était composé de 17 personnes dont 3 en initiation et tous venaient d’horizons différents. Il y’avait des musiciens, des mélomanes, des étudiants et des personnes en reconversion professionnelle. Il était intéressant de voir le parcours de chacun, leur personnalités et ce qu’ils allaient apporter à cette dynamique de groupe. Dans cet organisme vivant, j’ai ressenti dès le départ une vitalité qui a accentué mon désir de m’y intégrer. Du fait d’être accepté et compris par les miens tout en gardant ma propre identité m’a donné l’occasion de me dévoiler. J’ai trouvé ce groupe très ouvert, investi de par leurs interventions respectives et leurs implications dans chacun des modules. Nous avons chacun vécu notre aventure avec grande émotion, surtout le jour où un de nos membres a dû quitter le centre pour des raisons personnelles. Les intervenants nous ont accompagnés face à cette séparation que nous vivions comme une sorte de deuil. L’attitude du centre a été plus que remarquable concernant ce membre en détresse. Mais il était important de savoir qu’en tant que futur thérapeute nous serions également confrontés à ce genre de problématique. Malgré tout cela j’ai vécu des moments et des échanges musicaux intenses avec le groupe. Mon groupe m’a apporté une richesse à la fois intellectuelle et émotionnelle et c’était toujours un plaisir de les retrouver. Après cette formation nous nous sentons plus que grandis en espérant que chacun puisse trouver le chemin qui lui convient. En conclusion finale le Centre me laissera une vision positive, je les en remercie et souhaite que la musicothérapie soit reconnue en tant que tel en France.

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